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Catégorie : Pollutions

Lactalis : le cauchemar des rivières françaises

70 usines en France, 15 000 salariés et un chiffre d’affaire de 20 milliard d’euros …
Lactalis est aujourd’hui le numéro 1 mondial des produits laitiers.

Le 19 octobre 2020, Disclose a partagé avec le grand public, son enquête sur cet « ogre du lait ». Cela a été suivi par le reportage d’Envoyé Spécial, partenaire de Disclose, intitulé « Lactalis au-dessus des lois ? ». Ces deux médias ont enquêté pendant un an sur la société Lactalis, société qui produit notamment le camembert Président, le lait Lactel, les petits pots La Laitière … Disclose et ses partenaires ont cherché à en savoir plus sur les manquements de cette société au regard de divers volets légaux : sécurité alimentaire, dissimulation d’informations, évasion fiscale, chasse aux lanceurs d’alerte et aussi pollution de rivières.

Les résultats de cette enquête mettent en avant que Lactalis déverserait des rejets toxiques dans des dizaines de cours d’eau français …

Un exemple parmi d’entre tant d’autres à Saint-Just-de-Claix où la société Etoile du Vercors, producteur de fromage et filiale de Lactalis, déverse sans arrêt ses eaux usées et ce, depuis des années, dans la rivière l’Isère. Les produits déversés sont ceux normalement utilisés pour nettoyer le matériel de l’usine et, selon les agents de l’OFB en charge de l’affaire, cela représenterait 28 produits chimiques (détergents industriels) très toxiques. Ces déversements ont forcément des conséquences graves sur la biodiversité aquatique. Malgré des plaintes d’associations de protection de l’environnent, l’intervention de la police de l’environnement et des mises en demeure de la préfecture, ces entorses à la loi ont continué pendant 9 ans. Fin 2018, le procureur général du tribunal de Grenoble réclame une condamnation de la société Etoile du Vercors à 500 000 euros d’amende mais en appel, cette peine sera réduite à 50 000 euros. Ce montant est dérisoire par rapport au chiffre d’affaire de Lactalis et surtout, par rapport aux 3 millions d’euros économisés en ne traitant pas ses eaux usées pendant 9 ans. Aujourd’hui,  l’Etoile du Vercors a enfin terminé sa station d’épuration mais au total, ce sont 2000 tonnes de produits chimiques que Lactalis a déversé dans l’Isère …

Sur les 60 usines du groupe Lactalis en France, 38 ont pollué des cours d’eau ou n’ont pas respecté les normes environnementales.

Un autre exemple de pollution dans lequel ANPER est intervenu concerne les rejets de lactose dans la rivière de la Seiche en 2017 par la Société Laitière de Retiers, filiale de Lactalis en Île-et-Vilaine. Les déversements ont duré 8 jours et ont impacté 8 kilomètres de rivière. Finalement, le manque d’oxygène dans l’eau a provoqué l’asphyxie de milliers de poissons. L’usine n’a prévenu que tardivement (plusieurs jours plus tard) la préfecture n’arrangeant en rien la situation. ANPER fait  partie des associations qui ont déposé plainte pour obtenir réparation des préjudices causés à l’environnement. En mai 2019, le tribunal de Rennes condamne la filiale de Lactalis à une amende  de 250 000 euros.

Cependant, il a été relevé par ces médias que la Société Laitière de Retiers a touché, en 2016, plus de 400 000 euros d’argent public, afin d’économiser l’eau qu’elle utilise.

Il semble donc que, au-delà des illégalités répétées en matière de rejets dans l’environnement, il y ait un problème de pertinence et de volonté dans l’attitude des pouvoirs publics face à un industriel comme Lactalis.

Ceci est appuyé par les témoignages d’inspecteurs de l’environnement qui ont été interrogés, dans le cadre de l’enquête d’Envoyé Spécial, pour connaître leur impression sur le groupe laitier face aux contrôles de police.
Selon eux il y a un sentiment d’impunité chez ces industriels qui parfois se permettent même d’utiliser des mécanismes de chantage à l’emploi ou de menaces face aux lanceurs d’alerte.
Face à cela que fait l’Etat ?
Vivons-nous donc encore une période où ces pratiques fonctionnent en France ? Quelle tristesse.

Face à cela, à quoi servent les sacrifices des associations de protection de l’environnement, petites ou grandes, qui tentent d’améliorer l’état de la qualité de l’eau en France ?
Pour sa part, ANPER œuvre depuis 1958 contre les pollutions industriels. Cette lutte implique un coût financier et un engagement moral importants mais cela n’a pas l’air d’être pris au sérieux.
La réaction de l’Etat, et notamment de la Ministre de la transition écologique et solidaire Mme Pompili dans ce reportage, montre bien à quel point nos actions passent bien après le bien-être de ces géants économiques. Evidemment, nos associations de protection de l’environnement n’ont pas les mêmes possibilités financières que Lactalis et cela semble se traduire par une relégation au second plan des valeurs que nous défendons.

Nous ne demandons pas la fermeture de ces usines, nous demandons leur fonctionnement dans le strict respect des règles édictées pour le respect de l’environnement et une plus grand sévérité de la Justice et de l’Etat envers ces inattaquables.

Aujourd’hui, Lactalis et ses filiales continuent d’exploiter à leur manière leurs entreprises et même si cela doit enfreindre les lois, les personnes et le respect de l’environnement. Ils continueront d’agir ainsi tant que l’Etat ne sera pas plus strict et la Justice plus sévère avec eux.

De son côté, ANPER et toutes les autres associations de protection de l’environnement continuent et continueront de lutter contre les pollutions de rivières et les dégâts environnementaux que ce géant de l’économie provoque …

 

NEONICOTINOIDES :

L’insupportable retour.

Le 07 août 2020, le gouvernement a cédé face aux pressions du monde agro-industriel en autorisant de nouveau l’utilisation des si décriés insecticides , les« néonicotinoïdes » plus connus du grand public sous le nom de « tueurs d’abeilles », qualificatif amplement justifié et documenté. Cette dérogation s’applique aux cultures de betteraves .

Une réorientation urgente est nécessaire, qu’il s’agisse de santé publique ou d’environnement et de développement durable, l’action sur les pollinisateurs étant avérée et préjudiciable à l’activité économique.
D’autres acteurs s’en inquiètent tout autant que nous:

ANPER-TOS dénonce cette volteface

elle est complètement contraire une nouvelle fois aux engagements pris lors du Grenelle de l’Environnement de réduire l’usage des pesticides de synthèse, objectif qui rappelons le ici est manqué .
Lire un article sur le sujet

Les néonicotinoïdes font l’objet d’une très large documentation scientifique (plusieurs centaines d’articles depuis leur mise sur le marché dans les années 1990 à 2000 aisément disponibles) .
On notera que ces substances se retrouvent rapidement dans les eaux de surfaces après leur application sur les cultures et ce, à des seuils largement détectables (supérieurs à 0.1µg/L, seuil qui correspond également au maximum admissible) avec une persistance dans les sols dépassant plusieurs centaines de jours pour les substances les plus employées (voir site de l’INERIS) .

Qui plus est, leur toxicité est variable selon les organismes mais également comme pour les abeilles, les insectes aquatiques en particuliers les odonates, trichoptères et diptères y sont extrêmement sensibles, y compris à des doses infimes pendant de longues périodes (En savoir plus).
L’impact sur les masses d’eau, sur leur bon état potentiel au regard de la Directive Cadre sur l’Eau, est donc direct et ne saurait être nié.

Betteraves à sucre
Betteraves sucrières

ANPER- TOS demande le respect de l’interdiction de ces substances. Il est du ressort du gouvernement d’accompagner les producteurs vers des modes de production respectueux de l’Environnement plutôt que d’autoriser une nouvelle fois un empoisonnement de la planète à large échelle.

La saprolégniose

Un ravage pour les truites et les ombres

 La saprolégniose est une maladie fongique causée par le champignon aquatique Saprolegnia sp., un Oomycète, qui affecte les poissons sauvages et ceux provenant des piscicultures. L’apparition de touffes cotonneuses semblables à de la ouate de couleur blanche est souvent la première indication de l’infection.

Ce saprophyte ubiquitaire se nourrit habituellement des œufs de poissons morts, mais il se développe sur les poissons après la fraie lorsqu’ils se sont blessés sur le substrat colmaté donc sur les gravières qu’ils creusent pour déposer leurs œufs.

La saprolégniose est souvent une infection secondaire, mais des souches virulentes peuvent se développer aussi sur les salmonidés ayant subi un stress. Il conduit presque toujours à la mort du poisson.

Ombre commun
Ombre commun (Thymallus Thymallus)

Tous les ans, cette maladie fait d’énormes dégâts en Bourgogne-Franche-Comté, et plus particulièrement sur le Doubs et la Loue où le pathogène touche de nombreuses Truites (Salmo Trutta) et Ombres (Thymallus Thymallus).
Les poissons malades sont bien visibles aux bords des rivières, réfugiés dans des zones calmes, peu mobiles,  couverts de taches blanches sur le corps, le symptôme principal de la maladie.

Cette mortalité perdure depuis plusieurs années causant à chaque fois  le désespoir des pêcheurs et des naturalistes locaux, et l’inquiétude des riverains.

Un lien avec l’épandage de lisier ?

Truite

Le lisier est constitué des déjections d’animaux d’élevage et il est utilisé par les agriculteurs comme engrais organique pour leur culture.
Le lisier contient de l’azote (ammoniacal et organique) et son épandage est commun car il aide à la croissance des plantes. Les sels d’ammonium « forcent » leur développement.

Au printemps, les épandages de lisiers dans la zone Comté sont pratiqués pour relancer le cycle végétatif des graminées et se font parfois proches des cours d’eau ou en terrain karstique avec un transfert liquide rapide.

Le lisier va donc s’infiltrer directement en direction des eaux courantes. Souvent les sols, en ayant déjà trop accumulé, sont saturés en azote et donc ces pratiques contribuent à la pollution des nappes souterraines et des rivières.

Cela entraîne aussi des réactions chimiques pouvant être nocives pour les poissons.

Des solutions ?

Des distances minimums sont à respecter avec les habitations des tiers et avec certaine zones protégées puisque tout épandage doit être fait :

à 35 m des cours d’eau (ruisseau, torrent, rivière, fleuve, etc.) ainsi que des plans d’eau (mare, étang, lac), 50 m des points d’eau tels que les puits, forages, distributeurs d’eau potable, etc., 200 m des lieux de baignade, 500 m des zones piscicoles.

De plus, il est important de préciser que l’épandage de lisier doit faire l’objet d’une autorisation ou d’une déclaration.

Cette réglementation, mise en place pour limiter les pollutions dues à l’épandage, prend donc en compte un certain  risque  à ce que le lisier se retrouve dans l’environnement …

Des risques bactériologiques existent aussi avec la présence d’Escherichia coli une bactérie à l’origine des gastroentérites.

En parallèle de cette réglementation, des solutions techniques sont en train d’être développées : une de ces solutions consiste à injecter, directement dans le lisier, des produits qui vont orienter la flore du lisier et éviter les fermentations indésirables, sources de nombreux soucis.