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Catégorie : Toutes les actions

Problématique du Grand Cormoran

Régulation du grand cormoran au niveau Européen
 

Après le succès de notre pétition nationale lancée il y a deux ans demandant la régulation du grand Cormoran pour défendre les espèces aquatiques, après la décision ministérielle de ré-autoriser dans certains départements la régulation de ces derniers, nous agissons depuis plusieurs mois pour demander une action au niveau européen comme l’explique le courrier ci dessous, adressé à la Ministre en charge du dossier.

« Madame la Ministre,

L’Association Nationale de Protection des Eaux et Rivières (ANPER), que je représente, existe depuis 1958, elle a été reconnue d’utilité publique le 22 avril 1985 et possède l’agrément de protection de l’environnement. Nos missions et actions sont exclusivement tournées vers la protection des milieux et des espèces aquatiques et la lutte contre les agressions qu’ils subissent, avec une vigilance particulière concernant les salmonidés.

Dans un contexte de dérèglement climatique en facteur aggravant, la tâche est immense avec seulement 44 % des masses d’eau en « bon état » selon les Agences de l’Eau , bien loin de l’objectif de 100 % fixé par l’Europe d’ici 2027. Nos biomasses piscicoles sont notamment en baisse notoire dans l’immense majorité des cours d’eau, lacs et étangs de France et d’Europe. Si la prédation par le cormoran n’en est, en général, pas la cause première, elle exerce néanmoins une pression supplémentaire intolérable et annihile souvent les efforts réalisés à grands frais pour maintenir des populations piscicoles acceptables (renaturation des habitats, restauration des peuplements…). Elle constitue même, dans certains cas, un risque sévère pour la conservation de nos espèces piscicoles menacées (saumon atlantique ligérien, aloses, lamproies, anguille européenne, ombre commun, brochet, etc…), comme acté par le jugement du Conseil d’État du 8 Juillet 2024

En conséquence, notre association reste dubitative sur les évolutions réglementaires récentes pour la régulation du grand cormoran en eaux libres sur notre territoire, instituées par l’arrêté ministériel du 24 Février 2025 . La notion nouvelle « d’impact significatif avéré » qu’il instaure s’avère en effet très aléatoire à démontrer dans un contexte d’impacts multi-factoriels. La législation française risque donc de ne pas permettre l’atteinte d’un point d’équilibre entre les populations de cormorans, la protection des espèces piscicoles en eaux libres, et une prédation jugée supportable dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture. En effet, le nombre de cormorans et leur aire de répartition à travers l’Europe continuent d’augmenter, et les mesures d’atténuation locales ont été jusqu’ici infructueuses pour résoudre les problèmes rencontrés par leur présence croissante.

Pour redresser cette situation globalement et sur le long terme, un document-cadre pour un Plan de Gestion du grand Cormoran a vu le jour grâce à des financements du Fonds Européen pour les affaires Maritimes, la Pêche et l’Aquaculture (EMFAF). Ce document est disponible en ligne sur le site de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture . Il s’agit d’un plan ambitieux qui vise une diminution significative des conflits liés aux cormorans en Europe, et une amélioration de l’état de conservation des espèces de poissons. Il prend en compte l’impact de cette prédation sur la non-atteinte du « bon état écologique » au titre de la DCE. Ce plan intègre également la durabilité de l’aquaculture en eau douce et de la pêche continentale, le développement des entreprises et la sécurité alimentaire de l’Europe.

Notre association s’associe pleinement à cette idée d’une gestion de la situation du cormoran au niveau Européen, avec une analyse scientifique globale et coordonnée entre les différents pays de l’Union.
Le plan proposé nous semble répondre au besoin impérieux de trouver un point d’équilibre acceptable, et évite l’écueil habituel du conflit d’intérêt entre « pêcheurs » et « protecteurs des oiseaux » auquel les Préfets seront immanquablement confrontés au moment de sortir leur arrêté départemental d’autorisation de tirs de régulation sur les eaux libres.
Nous nous permettons de vous demander de favoriser l’adoption rapide de ce plan par la Commission Européenne. 
« 

Démantèlement d’un trafic de civelles

Rappel des faits et de la procédure :

Le 9 février 2023 a eu lieu le démantèlement dun vivier clandestin de conditionnement des civelles destinées au marché asiatique dans le Val-de-Marne. Les services douaniers ont découvert une quarantaine de valises, du matériel de pesée, des pochons transparents pour le transport d’animaux vivants, un congélateur avec des bouteilles d’eau glacée, sept sacs de 25 kg de sel et surtout, plus de 300 kilos d’alevins de l’anguille d’Europe. Cela représente près du double de la marchandise saisie par la douane française en 2024 (154 kg).

L’enquête a conduit en avril 2024, les autorités judiciaires jusqu’au Sénégal, découvrant un entrepôt à Dakar.

Les 13 personnes impliquées dans ce réseau international ont été jugées les 3 et 4 avril 2025 par le Tribunal correctionnel de Créteil pour leur appartenance présumée à ce trafic international de civelles.

Le délibéré du jugement en date du 10 avril 2025 est sans précédent.
Sur les 13 personnes soupçonnées, 8 personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison ferme. Elles ont été reconnues coupables d’avoir participé à un réseau de trafic de civelles.

Il ne reste plus qu’à attendre le 18 septembre 2025, date à laquelle se tiendra l’audience sur les intérêts civils. L’ANPER-TOS s’est portée partie civile afin d’obtenir réparation du préjudice subi, de tels agissements portant directement atteinte à son objet social : « L’ANPER-TOS a pour but premier de contribuer à la protection, à la conservation de l’eau et à l’ensemble de la biodiversité des milieux aquatiques et de leurs habitats et de lutter y compris en justice contre toute forme de pollution. »

Quelques dates :

  • 2007: Règlement de l’UE imposant l’élaboration d’un plan de gestion à long terme aux Etats portant sur les causes de mortalité de l’anguille et de la civelle.
  • 2009: Plan de gestion anguille autorisant la pêche seulement pour les pêcheurs professionnels assortie d’une obligation de traçabilité des captures.
  • 2010: l’Union européenne interdit l’exportation de l’anguille

La civelle : une espèce protégée

La civelle, bébé de l’anguille, aussi surnommée « l’or blanc », rencontre de nombreux obstacles avant de devenir une anguille argentée lors de son périlleux voyage. Pour ne rien arranger, cette espèce, pourtant protégée par les textes, fait l’objet de convoitises. On note une augmentation importante du prix d’achat de la civelle vendue entre 250 et 500 euros le kg par les pêcheurs, prix qui attise l’intérêt des braconniers et une commercialisation illicite de grande envergure. Dans un rapport d’Europol portant sur la criminalité environnementale, le trafic de l’anguille européenne en Europe serait estimé à plusieurs milliards d’euros

Civelles (Image IA)

ANPER-TOS réclame justice : Voir la suite

Saumon Breton 

Une mesure d’urgence… insuffisante

Nous avions bien entendu listé les menaces existentielles qui continuent de peser sur l’avenir de l’espèce et contre lesquelles l’État en dépit des belles paroles ne semble pas disposer à lutter efficacement. Un rétablissement urgent des conditions de migration est urgent, en particulier sur les rivières canalisées et dont l’utilisation en tant que telle est dérisoire alors que les conséquences sur les écosystèmes sont éminemment néfastes. Ailleurs de multiples petits seuils continuent d’entraver le parcours des poissons. Nous nous réjouissons d’ailleurs qu’après des années de bataille judiciaire et administrative le seuil du Moulin marchand sur le Léguer a enfin été arasé en juin dernier.

D’autre part les nuisances d’origine agricole persistent, et comme le faisait remarquer un environnementaliste, la fréquence des accidents est telle qu’il s’agit plus de négligence et de désinvolture. Il n’est pas normal non plus de voir les porcheries continuer à s’agrandir, générant toujours plus de rejets, outre les incidences à portée plus large voire mondiale, le soja nourrissant les porcs participant à la déforestation en Amérique du Sud, et au changement climatique dont pâtit le saumon.

Nous avions demandé au Préfet, en attendant des mesures fortes de préservation et de restauration des milieux d’eau douce, de sauver ce qui pouvait encore l’être et donc que le moindre saumon qui réussissait à rejoindre les zones de frayères fut à tout prix épargné et donc d’interdire tout prélèvement de l’espèce. Il est vraisemblable que la pêche aux lignes n’a eu par le passé qu’un impact limitant dans la survenue de la situation actuelle. Voire ? Prélever à outrance les saumons de printemps n’a peut-être pas été si anodin que ça sur le long terme… Il n’empêche c’est une question de responsabilité individuelle et collective au vu de la situation…

Le Scorff

Le Comité de Gestion des Poissons Migrateurs (COGEPOMI), placé sous l’autorité du préfet de Région, s’est réuni le 15 novembre et a décidé de ne pas ouvrir la pêche aux lignes du saumon en 2025, les participants exhortant également l’administration à renforcer sa politique de préservation des milieux avant qu’il ne soit définitivement trop tard. L’arrêt de cette pêche est une bonne et une mauvaise nouvelle.

Bonne parce qu’enfin on va laisser en paix les quelques poissons qui pourraient encore assurer l’avenir, et tant pis pour le loisir pêche que nous avons longtemps exhorté à prendre ses responsabilités, ne serait-ce qu’en pratiquant une pêche responsable, prohibant les hameçons triples et les appâts naturels (pêches « à avaler »), interdisant la capture des saumons de printemps, à l’instar de ce qui se pratique en Irlande, un tiers des rivières y sont en no kill, mouche ou leurre seulement sans hameçon triple, un autre tiers sont fermées, un autre tiers sont ouvertes avec des quotas strict et revus chaque année comme ici ;

Salmon and Sea Trout Angling Regulations 2024

ou en Écosse (il est interdit de garder les femelles, les appâts naturels sont très largement prohibés, exemple la Spey).

  • Mauvaise parce que bien évidemment il est acté que les stocks sont dans un état de conservation très défavorable, mauvaise parce que les pêcheurs sont pénalisés, mauvaise parce que si le saumon disparaît cela laissera le champ libre à l’agro-industrie et aux microcentrales, ce contre quoi beaucoup d’associations de pêche bretonnes sont très engagées.
  • Mauvaise aussi car le nouveau modèle de gestion RENOSAUM n’a pas su prévoir cette situation, au contraire il continuait d’attribuer des TAC. Cela le remet complètement en cause, il faut revoir l’approche et notamment pouvoir connaître en temps réel l’état des remontées avant d’autoriser toute pêche ou prélèvement. Or il n’y a que trois rivières équipées compteurs en Bretagne…

Néanmoins vu l’urgence cette décision s’imposait. Nous regrettons vivement que nos suggestions n’aient pas été prises en considérations plus tôt, nos contacts avec Bretagne Grand Migrateurs et l’OFB local remontant à 2016 et déjà nous pointions du doigt les failles du système et nous réclamions un arrêt des prélèvements de poissons de printemps, a minima. Il aurait été possible de préserver le loisir pêche encore à cette époque, en engageant une mutation profonde, en privilégiant uniquement les leurres et la mouches avec hameçon simple sans ardillon et en pêchant en no kill uniquement. Nous nous étions vus opposés des fins de non-recevoir successives, aussi butées que condescendantes. Il est même navrant de voir aujourd’hui certains acteurs qui il y a quelques années balayaient nos demandes d’un revers de main tenter d’obtenir désespérément un maintien de la pêche en no kill…