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Catégorie : Milieu aquatique

Manifestation à Ornans

Le 22 mars dernier, pour donner suite à l’appel de deux youtubeurs et d’un garde-pêche du Hauts-Doubs, ANPER a organisé, avec un grand soutien du collectif SOS Loue et Rivière Comtoise, une manifestation pour célébrer le triste anniversaire de l’enterrement de la Loue il y a déjà 10 ans.

Cette manifestation, qui a réuni environ 800 personnes, a permis aux associations, élus, professionnels parties prenantes dans la problématique de l’eau dans la région, de s’exprimer, et de se faire entendre.

Christel BULTHE, membre de la délégation Franc-Comtoise a lui pris la parole d’abord pour rappeler que les mortalités de la Loue ne datent pas d’hier, puis pour expliquer et mettre en avant l’impact, souvent négligé, des rejets de station d’épuration sur nos cours d’eau. Il a également évoqué les micropolluants envahissant nos rivières. Enfin, son discours s’est conclu par la présentation du projet, porté par ANPER, d’attaquer l’État en justice pour inaction et inefficacité ayant pour résultat , la dégradation sans fin de nos rivières , mettant en péril la faune et la flore et la santé publique.

L’après-midi de manifestation s’est terminée par une intervention des membres de SOS LRC et par une conférence de Daniel Gilbert, s’en sont suivi des échanges autour de sujets tels que l’agriculture, l’assainissement…

On en parle dans la presse;

Quinze ans après la première manifestation alertant sur l’état des cours d’eau, 800 personnes ont défilé ce samedi 22 mars à Ornans pour dénoncer « la situation écologique catastrophique » de la Loue et des rivières comtoises. Elles ont déposé une truite de trois mètres au cimetière d’Ornans, près de la tombe de Gustave Courbet. Les participants ont appelé à davantage d’actions au niveau politique. (lire la suite..)

Après une forte mobilisation sur les réseaux sociaux, la manifestation pour défendre les rivières karstiques du Doubs et dénoncer des années d’immobilisme en Franche-Comté, a eu lieu ce samedi 22 mars à Ornans. Plus de 700 personnes étaient présentes le long de La Loue selon les forces de l’ordre. (Lire la suite.)

Elle n’est que le fruit d’une lente dégradation, dont on a ignoré les signes. Volontairement sourds aux scientifiques, aux écologistes, maudits Cassandres qui, depuis 50 ans, s’époumonent dans le désert. Elle est le fruit de multiples causes de pollution, dues à certaines pratiques agricoles en bonne partie, aux défauts de l’assainissement collectif, au traitement des grumes en pleine nature… Tout cela est documenté dans des études scientifiques d’ampleur. Quinze ans plus tard, la saprolegnia frappe de nouveau sur la Haute-Loue. (Lire la suite.)

Plusieurs centaines de personnes sont attendues aujourd’hui à 14h place Courbet à Ornans pour défendre la Loue et plus largement les rivières karstiques sévèrement impactées par la pollution et le dérèglement climatique . Le collectif « SOS Loue et rivières comtoises » demande aux manifestants de venir vêtus de noir pour participer en procession jusqu’au cimetière à « l’enterrement de la truite ». Une déambulation funèbre qui coincide avec l’arrivée ce week-end à Ornans du tableau « la truite » de Gustave Courbet représentant un poisson agonisant. Le tableau est prêté au musée Courbet d’Ornans par le musée d’Orsay dans le cadre justement d’une opération pour le climat. (lire la suite.)

La Baie à l ‘eau de rose….

En décembre 2023 à janvier 2024 de fortes pluies ont occasionné des débordements dans les dispositifs d’eau pluviales et d’assainissement d’eaux usées et à cela se sont ajoutées des eaux de ruissellements agricoles du bassin versant du pays de Dol de Bretagne.
 

Les spécificités de la baie que nous tenons à souligner :

  • un système sédimentaire de renommée internationale avec une amplitude de marées pouvant atteindre 15m, une biodiversité remarquable lui valant plusieurs classements européens et internationaux (RAMSAR, Natura 2000…) et un classement UNESCO du Mont Saint-Michel et de sa baie lui conférant une aura internationale.
  • des activités économiques majeures qu’il convient de préserver : la conchyliculture, la pêche professionnelle, la production de moutons de prés-salés, le tourisme…

Il a aussi été fait état des phénomènes risquant de se produire en fonction de l’évolution du climat :

  • la montée du niveau de la mer,
  • des inondations par des remontées des nappes phréatiques et du biseau salé,
  • l’augmentation de la température de la mer et son acidification (baisse progressive du pH),entrainant une baisse de la production primaire pourtant nécessaire aux poissons et coquillages,
  • l’augmentation de l’intensité des tempêtes.

Le grand défi de demain réside donc dans l’adaptation au changement climatique. Les effets du changement climatique devront être mesurés à l’échelle de la Baie du Mont Saint-Michel. De plus, leurs impacts socio- économiques et ceux agissant significativement sur la biodiversité devront être analysés.

L’élaboration de l’étude des profils de vulnérabilité des zones conchylicoles et sites de pêche à pied a permis de localiser et de hiérarchiser toutes les sources potentielles de pollution microbienne susceptibles de toucher les zones de production conchylicole et les zones de pêche à pied sur un périmètre allant de Granville à Cancale. Le programme d’action découlant de cette étude a été validé fin 2020.

Les sources de contamination microbiologique sont multiples (assainissement collectif et individuel , pratiques agricoles, …) et le but est que chacun puisse améliorer ses pratiques et adapter ses équipements dans l’objectif commun de la qualité des eaux littorales et de la pérennité des usages et activités économiques de la baie. Les sources de contamination microbiologique liées aux stations d’épuration ( STEP) et à l’assainissement non collectif sont constantes et dépendent fortement des conditions hydrologiques. Une vigilance particulière doit donc être apportée à la gestion des eaux usées tant sur les équipements des stations d’épuration (178 stations recensées aujourd’hui en baie dont 60% disposent d’un traitement bactériologique – lagunage, traitement UV, filtration membranaire…) que sur l’état des réseaux d’assainissement

Nous ne sommes pas surpris de cette pollution. En ce qui concerne l’urbanisation « la loi 2023-630 du 20/07/2023 LOI ZAN préconise une sécurisation des sols et la limitation de l’urbanisation de le long des côtes …. 

Nous avons demandé des explications à la DDPP, ARS, IFREMER, DDTM35, OFB35 et OFB50 et communications des avis.

Voici ci-dessous quelques réponses de l’ARS bretagne et de l’OFB

**-l’ARS a retenu, au terme de ses investigations (enquête clinique et alimentaire), l’hypothèse de la toxi-infection alimentaire au norovirus associée la consommation de coquillages contaminés suite à plusieurs signalements,

**-l’ARS a transmis ses conclusions à la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) pour enquête sur les coquillages (traçabilité) et l’environnement en lien avec la direction départementale des territoires et de la mer d’Ille-et-Vilaine (DDTM35). C’est le sens de « l’avis émis par l’ARS ».

** C’est sur la base de l’ensemble de ces éléments et conformément à l’instruction susvisée, que l’interdiction a ainsi été décidée par arrêté préfectoral du 10 janvier, au regard des risques sanitaires liés à la consommation de coquillages mis en évidence.  

Compte tenu de ces informations, vous comprendrez que nous ne sommes pas en mesure de répondre à vos questions, et vous invite à contacter les services de la préfecture (DDPP,DDTM).

OFB35 ET OFB50 n’ont pas été invitées à une prospection et ou à une enquête sur les dysfonctionnements, recherches des rejets. 

Cette affaire comme d’autres démontre surtout l’absence d’étude d’accidentologie qui appelle une politique de prévention présentement inexistante .

Une plainte a été déposée par notre association ANPER TOS en juillet 2024 au T.J. de Saint-Malo .

Gérard Bourel

Pollution des rivières Franc-comtoises

Facteurs induisant le développement de Saprolégniose et mortalité des salmonidés

Introduction

«  En 2015, j’ai écrit un article qui impliquait l’épandage de lisier et la charge azotée en résultant, comme cause majeure du développement du champignon Saprolegnia parasitica chez la truite et l’ombre dans les rivières Loue, Doubs, Cusancin, et Dessoubre. Dix ans après, je souhaitais faire un point sur les données scientifiques nouvelles permettant de comprendre un peu mieux les causes d’infection par Saprolegnia parasitica, maladie fongique qui loin d’avoir diminuée continue de faire des ravages dans les rivières karstiques de Franche-Comté. »

Il est aujourd’hui établi que le développement de l’oomycète Saprolegnia parasitica est systématiquement associé à la mortalité des truites et ombres des rivières de Franche-Comté (par ex. Loue, Doubs, Cusancin, et Dessoubre). Ce champignon naturellement présent dans les cours d’eau attaque généralement des poissons affaiblis physiquement et immunologiquement. Ainsi, la fraie conduit à des abrasions de la peau favorisant l’infection fongique et entraine une baisse de l’immunité. Mais hélas en Franche-Comté, la mortalité se poursuit bien au-delà de cette période et des poissons malades peuvent être observés toute l’année avec toutefois, un pic entre janvier et avril. Plusieurs études ont été conduites visant à déterminer les causes de la dégradation écologique de la Loue et du Doubs. Les conclusions d’un travail important conduit par PM Badot et F Degiorgi (Université de Besançon) sur la Loue de 2012 à 2018 sont les suivantes :

« Les dysfonctionnements écologiques mis en évidence dans la Loue sont induits principalement par les causes suivantes:

  1. Les excès d’azote dans les milieux aquatiques et l’accroissement des teneurs en bicarbonates sont la conséquence de l’intensification des pratiques agricoles.
  2. Les contaminations multiples par des produits phytosanitaires, des biocides et les substances actives issues des médicaments vétérinaires sont elles aussi en partie liées à l’intensification de l’agriculture.
  3. Une part sans doute non négligeable de ces contaminations trouve aussi son origine au sein de la filière bois par le biais des traitements des grumes en forêt et en scierie, mais aussi dans les utilisations domestiques (insecticides en poudre, en aérosol, biocides en tout genre, produits de traitement des bois d’œuvre…).
  4. La collecte et le traitement des eaux usées ne sont pas impliqués au premier chef dans les contaminations azotées mais présentent des marges de progression pour réduire leurs contributions aux apports de substances toxiques et de bouffées de phosphore dans les cours d’eau.
  5. Une contamination par des concentrations parfois très élevées d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) lourds non solubles existe à l’échelle du bassin versant dans les différents types de prélèvements analysés et notamment dans les particules fines (sédiments et matières en suspension).
  6. La nature karstique du substratum et le positionnement en tête de bassin accroît la vulnérabilité des cours d’eau, vis à vis des contaminants chimiques qui peuvent être transférés des sols vers les eaux et transportés très rapidement au sein des masses d’eau.
  7. Les modifications physiques des cours d’eau et les altérations de la végétation de bordure – réduite et artificialisée – dégradent les habitats des poissons et des communautés vivant au fond et constituent des facteurs aggravants.

Selon PM Badot en 2020: « Les quantités d’effluents d’élevage épandus sur les prairies ont augmenté car la productivité du troupeau s’est améliorée : de 4000 kg/an de lait par vache en 1960 à 7000 kg/an au début des années 2000. Cela s’accompagne aussi d’un recours plus important aux engrais. Des épandages qui ne tiennent pas encore assez compte de la nature du sol. Quand il est superficiel, c’est-à-dire peu épais, ou quand la végétation, c’est à dire l’herbe n’est pas en croissance active pendant l’automne  et l’hiver, ces intrants ne sont pas assez assimilés et se retrouvent dans la rivière. D’où le constat d’un excès d’azote dans les milieux aquatiques, qui favorisent les croissances végétales dans la rivière. ». « La pratique revient à fertiliser, engraisser la rivière et pas la prairie ».

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Article de Didier PRUNEAU

Nouvelle menace pour nos salmonidés

Harles bièvres – une nouvelle menace pour nos salmonidés

Famille de Harles Bièvres en action de pêche sur la Haute-Loue, Vuillafans – Juillet 2024

Depuis quelques temps, les habitués des rivières Comtoises ont pu observer une augmentation importante du nombre de Harles Bièvres (mergus merganser), augmentation par ailleurs confirmée par les comptages officiels (voir Figure 1). Cette espèce allochtone (non originaire de France) de la famille des Anatidés (canards, oies, cygnes…) a un régime alimentaire principalement piscivore, essentiellement composé de poissons juvéniles ou de petite taille, mais les adultes sont capables d’ingurgiter des prises jusqu’à 30-40cm.

Or les populations de salmonidés de nos rivières Comtoises sont déjà au plus mal suite à des mortalités récurrentes depuis les années 2009-2010, et une dégradation de la qualité des eaux et du milieu aquatique en général. Ainsi le consensus scientifique estime qu’en moyenne les potentiels piscicoles sont réduits de 50 à 80% suivant les secteurs, et les pêches d’inventaire confirment cette estimation sur des rivières emblématiques comme la Loue, le Doubs franco-suisse, le Dessoubre ou le Cusancin. 

Il est donc bien légitime de s’interroger sur l’impact de la prédation du Harle Bièvre sur les populations de poissons de nos rivières, et il se trouve que nous avons des éléments de réponse sur le sujet. Un même secteur de la rivière Albarine a fait l’objet d’une pêche électrique « par points » en 2020 et 2024 dans le cadre du réseau de suivi piscicole effectuées par l’OFB. Les deux pêches ont été réalisées dans des conditions similaires, alors que les Harles ont fait leur apparition pendant cette période. Ce secteur de rivière est parfaitement fonctionnel, et n’a subi aucune pollution ou autre assèchement qui pourrait justifier l’écroulement des populations de poissons. Les résultats sont éloquents, les effectifs en chabots, vairons et truites fario sont en moyenne divisés par 3… Et le nombre de truites fario de taille inférieure à 25cm, les géniteurs des prochaines années, a été divisé par presque 5!!!  (voir Figure 2).

De nombreuses observations et analyses concordantes ont été faites en France et à l’étranger, et confirment l’impact énorme de la prédation du Harle Bièvre sur les populations de poissons, et notamment de salmonidés.

Le fait que cette espèce d’oiseau allochtone continue de bénéficier d’un statut d’espèce protégée au niveau Français et Européen, alors même qu’elle contribue à la dégradation de l’état de conservation d’espèces de poissons protégées, interroge… Si on fait le parallèle avec le frelon asiatique, grand prédateur d’abeilles domestiques, le sujet fait beaucoup moins débat et personne ne vient mettre en cause son classement en espèce invasive!!!

Olivier Vorger – ANPER TOS Franche-Comté