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2020: L’odyssée de l’eau

Cette période de début d’année, mais également de commencement d’une nouvelle décennie, est celle du sacro-saint temps des Vœux que l’on administre en signe de porte bonheur, comme si cette coutume allait marquer le destin de tout un chacun pour l’année à venir. C’est en tout cas ce que souhaite le Conseil d’Administration d’ANPER-TOS à l’ensemble de vous tous adhérents, donateurs et sympathisants : une très belle année 2020 empreinte, non plus seulement d’espérances, mais de réalisme et d’efficacité.

La Loire
La Loire

L’année et la décennie qui viennent de se terminer auront été une nouvelle fois révélatrices des impacts sur notre quotidien de ce qu’il est devenu commun d’appeler le changement climatique. Notre planète va de Charybde en Scylla, de sécheresses en inondations, chacune de plus en plus dévastatrices.

Dans la tradition historique de la nouvelle année, des trois rites universels, nous nous attacherons içi à celui des vœux et des étrennes.

Vœu de voir enfin une prise de conscience massive des enjeux climatiques et de la nécessité impérieuse de repenser de façon raisonnable et raisonné notre mode vie, notamment pour ce qu’il induit en termes de productivisme. L’exemple de la transition énergétique telle qu’elle nous a été présentée en est l’illustration même. Nous voyons ainsi ressurgir les démons du passé comme si notre société n’avait enregistré aucun progrès technologique. L’hydroélectricité à nouveau sur le devant de la scène ou des centaines de projets fleurissent  jusque dans les vallées les plus reculées de nos chaînes de montagne, mais également sur des cours d’eau de plaines.
Nous devons faire face chaque jour à des incohérences puisqu’il est établi que l’hydroélectricité n’est pas compatible avec les enjeux que sont ceux de la gestion de la ressource en eau et de la préservation des équilibres aquatiques naturels.

Vœu également de voir un plus grand nombre rejoindre les rangs de ceux qui s’engagent chaque jour au sein des Associations, de plus en plus nombreuses, mais comptant de moins en moins de bonnes volontés pour défendre ce qui va devenir un enjeu stratégique, qui plus est capitalistique avec la rareté qualitative et quantitative de la ressource en eau.

Etrennes, parce qu’il nous faut bien évoquer le volet financier, nerf  indispensable à l’engagement dans l’efficacité des missions de notre Association. Pour rappel ANPER-TOS est une association entièrement indépendante, ne bénéficiant d’aucune subvention de quelconque organisme, et seules les cotisations de ses adhérents viennent lui donner les moyens d’agir. Sponsors et mécènes viennent également apporter leur soutien mais malheureusement trop peu nombreux encore.

Chacune et chacun  d’entre vous peut agir.

Faire respecter et appliquer les textes législatifs, c’est le cœur de l’action d’ANPER-TOS.

L’arsenal juridique est là mais encore faut-il que les administrations de l’État veuillent bien prendre en compte leur existence et ne pas sans cesse céder aux pressions de lobbyistes de toutes sortes. Il appartient aux adhérents et donc à ANPER de veiller et d’alerter.

ANPER-TOS va s’engager plus en avant en cette année 2020 pour une Charte Universelle des Droits de l’Eau, que nous voulons voir affirmer constitutionnellement en complément des Droits  déjà posés par la Charte de l’Environnement de 2004, même s’ils n’auront été que des déclarations d’intention.

Condamnation des pêcheurs estuariens

UNE BONNE NOUVELLE POUR LES SAUMONS DU GAVE

Port de Bayonne

Six personnes condamnées!

2020 débute avec une excellente nouvelle pour la sauvegarde de l’espèce Saumon Atlantique sur le bassin de l’Adour. En effet, ANPER-TOS et l’APPMA du Gave d’Oloron ont obtenu la condamnation de six marins-pêcheurs « surpris » en train de tendre leurs filets dans le port de Bayonne. Les six personnes sont été condamnées à 500 euros d’amende, à un euro symbolique de dommages et intérêt et aux  dépens.
Si la sentence peut paraître légère à certains, il s’agit là d’une première condamnation, d’un avertissement et quoiqu’il en soit nous nous réjouissons de l’application stricte du droit qui en ce cas précis permet de mieux protéger les saumons qui remontent l’estuaire de l’Adour.

Remise à l'eau d'un Saumon du Gave
Remise à l’eau d’un Saumon du Gave

Forte de cette condamnation, précédée en juin 2019 par le jugement du Tribunal administratif intimant à l’État de faire respecter l’interdiction de pêche aux filets dans le port de Bayonne, ANPER compte renforcer son action de protection des saumons du Gave. Aussi nous allons désormais exiger que le droit dans son ensemble soit respecté afin que la ressource reçoive la protection à laquelle elle a droit.
En effet, il faut savoir que le PLAGEPOMI Adour ne respecte pas les recommandations de l’OCSAN qui demande à ce que soit établie une limite de conservation sur la base de laquelle peut être estimé un surplus exploitable. De plus, l’article R436-45 du Code de l’Environnement prescrit que des Totaux Autorisés de Capture doivent être déterminés, et ce n’est pas le cas sur l’Adour (contrairement à la Bretagne ou la Normandie, où la méthode lacunaire est en train d’être revue). La politique européenne des pêches pose les mêmes exigences.

Il appartiendra donc au Préfet de la Région Nouvelle Aquitaine, garant de l’élaboration du prochain PLAGEPOMI 2021-2027 de s’assurer que ces dispositions seront respectées (voir le courrier du 28-01-20).

On notera par ailleurs que les travaux scientifiques préliminaires en cours tendent à montrer que la limite de conservation sur la bassin de l’Adour n’est presque jamais atteinte.

Depuis maintenant plus de 60 années de combat, les dirigeants successifs d’ANPER-TOS se sont heurtés à une évidence : Scientifiques et Politiques sont en totale opposition de par la divergence des intérêts qu’ils veulent bien défendre. Votre Association n’a jamais changé de cap pour le seul intérêt qu’est celui du bien de tous .

Selon l’OCSAN, la limite de conservation (LC) est le nombre minimal d’œufs qui doivent être déposés pour s’assurer que chaque saumon adulte engendre le retour d’au moins un adulte. Les poissons éventuellement excédentaires constituent le surplus exploitable.
Afin de se prémunir des aléas subis par les populations de saumons, le calcul de cette LC doit être révisé annuellement sur la base des connaissances acquises, incluant le nombre de poissons remontés -reproducteurs présents et individus capturés-  leurs classes d’âge, les indices d’abondance en juvéniles, le nombre de frayères répertoriées, la surface de production disponible. Ce calcul est fait sur un mode probabiliste dès lors que la population a pu être modélisée et on considère qu’une rivière est exploitable si elle atteint une probabilité d’au moins 75 % d’atteindre sa LC.
A partir des connaissances acquises, on peut ainsi estimer le nombre de poissons qui vont très probablement remonter une année donnée et déterminer combien sont prélevables pour chaque classe d’âge (castillons et plusieurs hivers de mer).

Glossaire:

PLAGEPOMI : Plan de Gestion des Poissons Migrateurs ; tout est dans le titre et pour le cas qui nous occupe, on en est très loin !
OCSAN : Organisation de Conservation du Saumon de l’Atlantique Nord, organisme intergouvernemental, soumis à la Convention du même nom et placé sous l’égide du Conseil International pour l’Exploitation de la Mer ; c’est un organisme à caractère scientifique.

Continuité écologique sur la Garonne

Protocole d’accord pour l’intégration environnementale de la concession hydroélectrique EDF de Golfech (82)

Nous sommes heureux de vous annoncer qu’un protocole  d’accord sera signé prochainement entre la DREAL Occitanie, l’AFB, l’Agence de l’Eau et EDF, il  définit à courts et moyens termes les différentes actions à engager sur le site de la concession hydroélectrique de Golfech afin de réduire l’impact des aménagements et améliorer leur intégration environnementale.
Il s’inscrit dans le contexte réglementaire de la LEMA et doit permettre d’assurer la mise en conformité de la concession vis-à-vis de la continuité écologique du fait du classement de la Garonne en liste 2, ainsi que le respect du débit réservé dans le tronçon court-circuité.

En effet EDF s’engage à réaliser une rivière de contournement et le schéma préférentiel retenu pour le TCC (arasement des seuils 2-3-4 et passes à poissons aux seuils 1 et 5)  comme vous pourrez le voir sur le plan ci dessous.

Plan Malause-Golfech
Plan Malause-Golfech

La restauration de la continuité écologique du site de la concession de Golfech, premier obstacle important sur la Garonne et dont l’impact sur la migration des poissons migrateurs sera ainsi réduit  avec l’ouverture de la continuité jusqu’à Toulouse. (voir le protocole signé le 17 octobre par l’AEAG).

 

 

 

Réforme de la PAC

Regroupés en cinq principales organisations, plus de 2500 naturalistes demandent une réforme de la PAC qui n’encourage plus l’intensification des pratiques agricoles.

Les populations d’insectes se sont effondrées de 76% entre 1989 et 2016., résument les cinq organisations scientifiques, dont l’Union européenne des ornithologues et la Fondation européenne des mammifères.

« Une augmentation des pesticides et des fréquences de fauche, l’expansion de l’irrigation et la destruction des pâturages « .

Ces organisations rappellent aux eurodéputés qu’entre 1980 et 2015 l’agriculture intensive a entraîné la diminution de 55% des oiseaux européens en milieu agricole, et 76% des insectes entre 1989 et 2016. Dans leur résumé, ces organisations déclarent que « La PAC ( Politique Agricole Commune) a conduit à une intensification des pratiques agricoles, une homogénéisation des paysages, une augmentation des pesticides et des fréquences de fauche, l’expansion de l’irrigation et la destruction des pâturages ».

Crédit photo JPJ Février 2019

Verdissement, ou « green washing » ?

« Des aides financières spécifiques pour la biodiversité dans les exploitations peuvent faire du pâturage extensif une option viable et compétitive pour les agriculteurs  »

Ils rappellent dans leur lettre ouverte adressée ce 5 novembre aux eurodéputés que le pseudo-verdissement engagé depuis 2014 n’a pas eu d’effets notables pour enrayer ce déclin, en particulier parce que les représentants du secteur de l’agro-business ont monopolisé les négociations. Au final, les mesures agro-environnementales du ‘’premier pilier’’ ont eu peu de résultats en matière de conservation de la biodiversité.

La cour des comptes européenne a déjà relevé en 2018 dans son analyse des perspectives de la PAC post-2020 que le texte proposé actuellement « n’envisage pas une véritable réforme de la PAC et risque même de réduire ses ambitions ».  Les associations proposent des « mesures ciblées au profit des petites exploitations pratiquant une agriculture responsable pour maintenir des terres à haute valeur écologique ». « Des aides financières spécifiques pour la biodiversité dans les exploitations peuvent faire du pâturage extensif une option viable et compétitive pour les agriculteurs ». voir le communiqué de presse de la confédération Paysanne

Selon Harriet Bradley, de BirdLife Europe, « Les preuves scientifiques parlent d’elles-mêmes. L’agriculture intensive tue la nature. Si la PAC n’est pas fondamentalement réformée en faveur de la nature, les promesses d’une Green Deal européen pour la biodiversité et le climat resteront lettre morte ».

 De son côté France-stratégie demande que soient revues les aides directes en les attribuant selon le nombre d’emplois des exploitations et non selon le nombre d’hectares.