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Présidence de la FNSEA

Réponse à Mme LAMBERT,  présidente de la FNSEA

Christiane LAMBERT, présidente de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), était reçue sur France inter le 18 Août 2022.

Sur le changement climatique :
«  Nous avons adapté nos cultures, nous avons changé nos itinéraires culturaux »
, (…) En fait et eu égard aux prises de position de la FNSEA, il semble que pour l’agriculture intensive, qui ‘’tient’’ plus de 95% des Chambres d’agriculture – score auquel même les pays les plus totalitaires ne rêvent plus – il s’agit avant tout d’adapter le changement climatique à ses pratiques.

Sur la morphologie des cours d’eau :
« Il faudrait pouvoir curer les rivières et les fossés » (…)
le lessivage des sols justement avec l agriculture intensive participe fortement au colmatage des fossés et de certains cours d’eau.

« Il faut revoir toute la politique hydraulique et hydrologique… ». C’était la demande de la FNSEA , avec la nouvelle cartographie qui voulait rayer de la carte la plupart des cours d’eau traversant ou longeant des terres agricoles mais » le jugement au TA du 15 juillet 2021 à Toulouse, qui fait jurisprudence, a considéré l’ensemble des points d’eau permanents ou intermittents figurant en points, traits continus ou discontinus sur les cartes de l’Institut géographique national au 1/25 000e. »

Cette présidente nous parle dans le contexte de cet été des aides pour « calamités agricoles » et de « l’exceptionnalité de l’année climatique ». Exceptionnelle, ou désormais habituelle ? Et si comme elle l’affirme certaines plantes cultivées ne peuvent survivre à une journée sans irrigation, pourquoi continuer à semer des variétés dont la réussite est aussi aléatoire dans le contexte actuel ?

Lorsqu’on lui évoque le pourcentage de l’eau réellement consommée par l’agriculture, soit 45% du total des 5 à 6 milliards de m3 réellement disparus chaque année, elle revient bien vite sur le terrain de l’eau prélevée pour entretenir la confusion entre eau prélevée (32 milliards de m3/an) et eau réellement consommée, c’est-à-dire qui ne revient pas là où on l’a prise. Effectivement le prélèvement n’est pour l’agriculture « que » de 16% du total, l’essentiel des autres prélèvements étant le fait de l’énergie (57%) : eau qui transite par les barrages et de refroidissement des centrales. Il y a aussi l’industrie et les usagers : eaux de process, eau qui transite par nos lavabos, nos toilettes, etc, et qui doit être épurée avant de rejoindre le milieu. Mais la consommation du secteur agricole, donc la perte réelle totale, est bien de 45% des 5 à 6 milliards disparus chaque année, dont 75 % en été pour le secteur agricole.

Sur l’irrigation :
« On n’apporte que la bonne dose au bon moment »
: chacun aura vu ce qu’il en est, avec toutes ces rampes et canons d’arrosage fonctionnant en plein soleil et aux heures les plus chaudes de la journée..

Sur l’adaptation :
« Aujourd’hui on cultive des variétés plus adaptées, plus résilientes »
. Ce que l’on voit partout, c’est surtout le maïs irrigué.

Elle tente aussi de faire oublier la monoculture intensive en déclarant que « ceux qui irriguent aujourd’hui, c’est l’horticulture, le maraîchage, l’arboriculture. C’est 28 emplois à l’hectare ».
Ah ? Bon ? Et pour le maïs : on n’irrigue pas ? Et combien d’emplois à l’hectare ?

Et d’évoquer la solidarité avec l’Afrique, alors même qu’on y ruine les petits éleveurs locaux en saturant les marchés locaux avec nos surplus de volailles.

Et Madame Lambert de rappeler que les prairies sont entretenues par les herbivores, comme les vaches et les moutons. S’il n’y avait que ces bovins et ovins sur les prairies et alpages ce serait formidable. Elle oublie juste tous ceux qui sont enfermés – la majorité  – comme aussi les cochons qu’elle élève, et on sait dans quelles conditions ces animaux le sont.

Et voilà pour les retenues d’eau, grand mantra de cette agriculture-là : « Quand les nappes sont saturées et que l’eau ne rentre plus dans le sol et que l’eau court de ces pluies diluviennes, est-ce qu’on n’est pas assez réfléchis, intelligents, et dans l’anticipation pour dire : stockons en prévision des moments de manque ». Encore faudrait-il que les nappes soient saturées, ce qui est difficile du fait de terres compactées par les engins agricoles et privées de leur capacité propre de stockage et de percolation, avec une microfaune éradiquée par les pesticides et qui n’aère plus les sols.

Quoi qu’il en soit, on ne peut commencer à discuter d’un stockage du surplus que si les nappes sont déjà saturées. On saura le lui rappeler.