Bouton adhésion
Bouton récolteur
Bouton mécénat

Catégorie : Divers

Moulins et Médiapart

En réponse à l’article de MR Bertrand ROUZIES de Médiapart

Nous étions loin d’imaginer que Médiapart, qui dénonce avec courage toutes les magouilles, serait un jour l’objet d’une telle manipulation. Que ce genre de désinformation se retrouve dans Le Figaro, passe encore, mais au même moment dans Le Canard Enchaîné et dans Médiapart, cela montre que les lobbyistes sont efficaces et que les journalistes manquent de recul, à moins qu’il ne s’agisse de ‘’Journalisme d’école hôtelière’’, qui se résume à passer les plats. Nous ne pouvons y croire, à moins d’être vraiment bien naïf.

Tout d’abord il y a dès le titre une volonté bien entretenue et de ce fait assez malhonnête d’amalgamer aménagement des seuils et destruction des moulins. Et le recours à l’hagiographie chrétienne, pour pertinente qu’il soit d’un point de vue culturel, oriente le discours. Récupérer au Moyen Âge des terres arables a eu du sens tant que l’équilibre entre nature et culture garantissait une harmonie. Cet équilibre est désormais rompu, et le changement climatique, quoique  bien réel, a bon dos. Par exemple, ce qu’on appelait autrefois  « marécages », désigne en fait des zones humides qui régulent la disponibilité en eau bien mieux que les plans d’eau artificiels, et dont la destruction systématique augmente à la fois les sécheresses et la violence des crues.

Mais il y a des questions qui sont éludées : « Qu’est-ce qui est ‘’patrimonial’’ dans un moulin ? En quoi un moulin qui ne mouline plus est-il légitime à en conserver les droits d’eau ? » Et surtout: « En quoi le non-respect des règles de gestion des vannages qui légitimaient les droits d’eau – lorsque ces droits d’eau ‘’en titre’’ ou ‘’sur titre’’ existent encore effectivement – doit-il être accepté et devenir un privilège sans contrepartie ? »
Sans parler du fait que la diminution en cours des débits des cours d’eau, le ralentissement lié aux seuils qui provoque le réchauffement et la concentration des polluants, posent de nouveaux problèmes de qualité.

Quant au potentiel de production électrique par les anciens moulins, il est aussi peu crédible de par sa faible production que fortement subventionné, et il ne suffit pas d’accumuler des potentiels théoriques et de les multiplier par un nombre tout aussi théorique de moulins plus ou moins encore en état pour aboutir à une seule tranche nucléaire. Et n’oublions pas que si une roue de moulin ne fonctionnait ni toute la journée, ni toute la semaine, ni toute l’année, une turbine barre le cours d’eau en permanence, et essaye de fonctionner le plus longtemps qu’elle le peut.

Il se passe surtout que la simple mise en conformité des anciens moulins avec les règles de fonctionnement (gestion permanente des vannages, mises à l’arrêt des roues, curages des biefs) qui justifiaient leurs droits d’eau et qui sont aussi anciennes qu’eux, cette remise en ordre résoudrait la plupart des problèmes liés à la présence des seuils. Mais comme ces règles ont été oubliées par les administrations, les notaires et les propriétaires eux-mêmes, le rétablissement d’une continuité qui n’aurait jamais dû être oubliée pose des problèmes de remise en état, et que cela coûte cher, ce qui fait se regrouper les propriétaires en associations qui sont à la continuité écologique ce que Claude Allègre ou Donald Trump sont au changement climatique. Et il n’est pas jusqu’au ‘’idiots utiles’’, scientifiques pris en-dehors de leur savoir réel,  pour qu’on leur fasse dire des bêtises.

Arasement partiel d’un seuil sur le Couesnon

Tout ceci est parfaitement renseigné par de nombreuses études et retours d’expérience, en particulier les documents repris par l’Onema, désormais OFB. Mais depuis que la science est devenue une opinion parmi d’autres, on peut écrire n’importe quoi pourvu que cela ait une apparence de réel et surtout corresponde à des intérêts privés.

Lettre ouverte A M. Alain GUEDE, Journaliste

Objet : Réponse à l’article de M.GUEDE intitulé « Les moulins à eau condamnés au naufrage » 

Madame, Monsieur

PAN SUR LE BEC

L’Association Nationale de Protection des Eaux et Rivières  « Truite, Ombre, Saumon », tient particulièrement à apporter les précisions suivantes suite à l’article intitulé « Les moulins à eau condamnés au naufrage » paru sur « le Canard enchainé« ,  le 19 août et signé de M.GUEDE.

Ancien moulin de Vigeois (Source, Fr3 régions)

Le « rétablissement de la continuité écologique » est une formule dont l’intitulé montre qu’il s’agit de « rétablir » une continuité qui a donc été interrompue.
En effet depuis l’abandon de ce qui justifiait les droits d’eau des moulins (fondement ‘’en titre’’ ou ‘’sur titre’’ qui permet d’utiliser la force motrice de l’eau), à savoir la nécessité de produire de la farine (ou de l’huile, ou autre usage ancien) les services de l’Etat et les notaires lors des changements de propriétaires ont négligé d’informer les possesseurs de moulins de ce que les droits d’eau (droits d’usage révocables et non propriété de droits) étaient liés à des obligations de gestion des vannages, de la continuité, de la libre-circulation des espèces et des sédiments.
Les moulins utilisant leur roue pour actionner des meules ou un alternateur ne sont pas comparables à ceux équipés d’une turbine pour produire de l’électricité. Tout d’abord parce que les moulins ne fonctionnaient ni toute la journée, ni toute la semaine, ni toute l’année, alors que ceux équipés d’une turbine cherchent à maximiser leur production et de ce fait barrent le cours d’eau en permanence.
On ne doit pas non plus oublier, et les études historiques le montrent, que dès l’apparition des moulins des espèces ont disparu (la plus remarquable étant parue dans la prestigieuse revue «Nature » en 2016, annexée à ce courrier) et que toutes les autres ont été contraintes par les modifications de l’écoulement des eaux.
Si bien d’autres espèces ont pu se maintenir jusqu’à l’ère industrielle, cela tient à ce que la masse de reproducteurs a longtemps dépassé les surfaces de frayères disponibles, et cela dans des volumes et une qualité d’eau longtemps excellente dont le changement climatique, les prélèvements et la pollution, en particulier agricoles, ont considérablement diminué le volume utilisable pour faire fonctionner un moulin, sans parler de la qualité.

Le coût des passes à poissons est lié au fait que les turbines, même dites ‘’ichtyophiles’’, en barrant en permanence un cours d’eau, ne peuvent être compensées en matière de continuité, et fort mal presque toujours, que par une passe à poissons et à sédiments. On oublie toujours et par contre le « coût » induit en matière de biodiversité, mais aussi d’économie par la perte de continuité, les espèces migratrices étant un patrimoine tout aussi important que les moulins eux-mêmes et très largement documenté également.

Les propriétaires d’anciens moulins brandissent des droits d’eau, mais ils en négligent presque toujours les devoirs, soit par ignorance, soit pour ne pas avoir à assumer les coûts induits par la restauration de leur relative transparence pour les espèces et les sédiments. Ils se tournent alors vers des associations qui défendent essentiellement la micro-hydroélectricité, et utilisent la désinformation permanente sur ce sujet, en prenant les – très – nombreuses études et les retours d’expérience comme étant de l’ordre de la simple opinion.
Elles font croire que le rétablissement de la continuité serait une invention des ‘’Zécolos’’, alors qu’il ne s’agit que d’appliquer les règles qui les concernent depuis leur création et donc de rétablir ce qui a été interrompu et dont les conditions actuelles intensifient les effets négatifs.
Les premiers classements de cours d’eau datent de la deuxième moitié du XIXème siècle, et les règles sur la gestion des moulins sont liées à leur origine même. Donc comment cette catégorie de propriétaires peut-elle vouloir reporter sans cesse les échéances de ce qui constitue depuis toujours ses obligations ?

Il existe de très nombreux exemples de transformations de seuils de moulins réalisées à la satisfaction générale, et sans frais excessifs. Il s’agit souvent de la réalisation d’une simple échancrure, d’une passe rustique ou encore plus simplement de la remise en place des règles, aussi anciennes que les moulins eux-mêmes, qui en régissaient l’usage.

Et si effectivement le paramètre chimique est une des causes de la dégradation des cours d’eau on ne doit pas oublier que tout barrage ou seuil en augmente les effets négatifs par le ralentissement de l’eau qui en diminue l’oxygénation et donc les capacités épuratoires qui sont celles d’une eau libre et vive.

On trouvera toutes ces réponses développées par le document de l’Agence Française de Biodiversité annexé à ce courrier .

Espérant avoir apporté les éclaircissements qui nous semblaient nécessaires, nous vous prions d’agréer Madame, Monsieur, l’expression de nos sincères salutations.

Le bureau d’ANPER-TOS

Consultation Publique sur la protection des personnes et l’utilisation des produits phytopharmaceutiques

Vous trouverez ci dessous le lien concernant la Consultation Publique à laquelle nous vous conseillons de répondre. Elle concerne un arrêté relatif aux mesures de protection des personnes lors de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques à proximité des zones d’habitation et des lieux à usage.

pulvérisation de pesticides

Ci-dessous le contenu de notre déposition:

                                                                            

En préambule, nous tenons à rappeler que nous constatons l’échec global du « Plan Ecophyto » à ce jour. Ainsi, malgré l’objectif affiché de la loi issue du Grenelle de l’Environnement en 2009 de réduire la consommation de produits phytosanitaires de 50 % d’ici 2018, celle-ci n’a fait qu’augmenter (+25 % de 2011 à 2018), nonobstant les éventuelles évolutions négatives de la toxicité des nouveaux produits.

Si le projet d’arrêté en objet va dans le bon sens, il reste néanmoins très largement insuffisant car il ne saurait à lui seul remplir ces objectifs. Nous observons d’ailleurs que l’usage de ces substances par les collectivités et les particuliers est déjà sévèrement encadré et réduit et que le levier d’action ne se trouve surement pas là.

Nos inquiétudes, comme celles d’autres ONG de défense de l’environnement restent très vives :

– des traces de pesticides interdits de longue date continuent d’être trouvées dans les cours d’eau, par exemple l’atrazine échantillonnée à plusieurs reprises en Bretagne ces dernières années ;

– les nappes phréatiques sont très largement contaminées, entraînant des interdictions de consommation notamment en Région Centre-Val de Loire, ce qui pose in fine de sérieux problèmes de sécurisation de la ressource en eau potable, a fortiori si l’on continue d’autoriser d’y introduire de nouveaux produits;

– les populations d’insectes se sont effondrées, ce qui outre les atteintes à la biodiversité, aura un impact sévère sur notre économie car l’on oublie trop souvent les « services gratuits » rendus par les écosystèmes.

Aussi, nous souhaitons alerter sur l’urgence à agir et à reconsidérer l’ensemble du processus afin de réussir enfin à bannir totalement tous les usages des produits phytosanitaires toxiques.

  

désherbant proche habitations
Désherbage proche d’habitations

Sur le projet d’arrêté lui-même, nous ne pouvons-nous   satisfaire de la seule notion de « proximité » qui doit être clairement définie. L’autorisation actuellement en vigueur d’épandage à seulement 5 mètres des habitations n’est pas acceptable, cette notion doit être entièrement revue.

Canicules et sécheresses estivales

Une évolution climatique en cours ? Incidences sur la répartition des populations piscicoles, le cas de la Loue.
Jean-Pierre HEROLD

Usine electrique Chatillon Rurey
Usine hydroélectrique de Chatillon -Rurey   le 18-09-19

La série est déjà longue : 2019 après 2018 et 2017, 2011, 2003 !
Voici une répétition de phénomènes météorologiques qui traduisent, d’après les climatologues (Bichet et coll. 2015) une augmentation dans le long terme des températures moyennes régionales. Celles-ci ont des conséquences mesurables sur les débits moyens mensuels des rivières de Bourgogne Franche-Comté qui sont consultables en ligne sur le site Hydroreel le serveur de données hydrométriques en temps réel et en archives depuis les années 50 exemple : Pour la Loue à Chenecey-Buillon

En 2018, de la mi-juin jusqu’à la fin octobre, les rares précipitations orageuses ont représenté souvent moins du dixième du volume moyen des pluies selon les secteurs concernés dans notre département. En 2019, dès le 5 juillet l’alerte sécheresse a été déclenchée par la Préfecture du Doubs. Fin août les restrictions d’usage de l’eau étaient encore en cours.

Durant la même période, les températures aussi bien diurnes que nocturnes ont atteint des records sur des durées importantes, et en 2019 des valeurs supérieures à 35 °C ont été quotidiennes pendant plus d’une semaine au mois de juin, une situation tout à fait inédite. Des températures élevées ont été enregistrées jusqu’à la fin du mois d’août.

« plus de vingt communes ont dû faire appel à des transporteurs pour alimenter leurs châteaux d’eau à sec »

Les effets de ces amplitudes thermiques sur le régime des cours d’eau ont été plus marqués encore que ceux de l’année de la canicule historique 2003. Ils entraînent des contraintes nouvelles sur le cours de toutes les rivières de l’arc jurassien et des zones karstiques de la région. Ainsi, l’exemple très remarqué de l’asséchement total du Doubs à l’aval de Pontarlier entre juillet et octobre 2018  a été très commenté par les média et les populations locales, dont certaines ont subi des déficits hydriques perturbateurs : plus de vingt communes ont dû faire appel à des transporteurs pour alimenter leurs châteaux d’eau à sec pendant plusieurs semaines. La situation s’est reproduite début juillet 2019.

Dans le cas de la Loue, présenté ici, les effets combinés des canicules et des sécheresses montrent un impact sur l’évolution et la répartition des populations piscicoles de cette rivière qui a été longtemps considérée come un fleuron des cours d’eau français à salmonidés, truites et ombres, et donc fréquentée et admirée par les pêcheurs sportifs de tous horizons.

LIRE LA SUITE DE CET ARTICLE