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Catégorie : Biodiversité

Déclin des insectes

Un nouvel avertissement des scientifiques

L’Académie des Sciences vient de publier un rapport, une nouvelle fois, alarmant quant à l’état des populations d’insectes.

Les scientifiques exhortent le gouvernement à changer immédiatement et radicalement de politique environnementale afin de préserver ces animaux essentiels à la biosphère. S’ils posent parfois de sérieux désagréments (on peut penser aux moustiques vecteurs de maladies), ils n’en sont pas moins vitaux à notre économie et à notre santé. On pense bien sûr aux pollinisateurs mais il ne faut pas oublier que les insectes sont un maillon essentiel des chaînes alimentaires terrestres et aquatiques ou encore, que le rôle des insectes nécrophages est fondamental puisque sans eux notre planète serait invivable.
La décision de notre gouvernement de ré-autoriser les néonicotinoïdes (voir ci-dessous) est donc une nouvelle fois prise en défaut, mettant en exergue une fuite en avant plutôt qu’une recherche de solutions dans la crise agricole que nous traversons.

On notera d’ailleurs que si le Ministère de l’Environnement a donné la parole à tout un chacun l’été dernier à propos du projet de loi permettant de parvenir à cette reculade dénoncée par l’ensemble des ONG environnementales, il en a été tout autre pour ensuite prendre les décrets d’autorisation qui ont fait l’objet d’une très discrète consultation du Ministère de l’Agriculture… On change d’interlocuteur en remettant le sujet aux mains des utilisateurs et on évite tout battage pour que le citoyen puisse une nouvelle fois exprimer son refus ; nous laisserons les lecteurs apprécier le procédé.

Ces derniers pourront d’ailleurs avoir la curiosité de chercher quelques références : en voici une qui prouve sans ambages la nocivité de ces produits qui est citée dans ce rapport. Au Japon, il a été démontré que l’utilisation de ces pesticides de synthèse réduisait dramatiquement la quantité de biomasse piscicole.

Vacanciers, mauvaises pratiques

L’été est fini mais certains vacanciers laissent des traces, et lorsqu’il ne s’agit pas de déchets, les plus désastreuses ne sont pas toujours celles auxquelles on pense.

Ainsi, lors de nos pérégrinations le long des rivières des Alpes, nous avons pu constater que de nombreux petits barrages de pierre étaient aménagés en travers des cours d’eau par certains vacanciers, vraisemblablement pour établir de petits bassins de baignade ou tout simplement pour se distraire. Certains se multiplient à raison d’un muret de cailloux tous les 100 mètres et il faudrait une violente crue pour les mettre à bas.

Photo prise sur le Bachelard près de Barcelonette (04)

La situation est particulièrement critique sur certains affluents de l’Ubaye (04) et ANPER a donc interpellé la DDT et la FDPPMA des Alpes de Hautes Provence pour demander une intervention rapide et la suppression de tous ces seuils.
Nous invitons nos lecteurs à signaler aux autorités locales ces mêmes nuisances sur l’ensemble du territoire.

Nous allons également travailler à la mise en place d’actions de communication locale afin d’informer au mieux de l’incidence de ces événements et éviter ainsi ces pratiques néfastes pour les cours d’eau et les milieux aquatiques qui modifient leur habitat.

Réforme de la PAC

Regroupés en cinq principales organisations, plus de 2500 naturalistes demandent une réforme de la PAC qui n’encourage plus l’intensification des pratiques agricoles.

Les populations d’insectes se sont effondrées de 76% entre 1989 et 2016., résument les cinq organisations scientifiques, dont l’Union européenne des ornithologues et la Fondation européenne des mammifères.

« Une augmentation des pesticides et des fréquences de fauche, l’expansion de l’irrigation et la destruction des pâturages « .

Ces organisations rappellent aux eurodéputés qu’entre 1980 et 2015 l’agriculture intensive a entraîné la diminution de 55% des oiseaux européens en milieu agricole, et 76% des insectes entre 1989 et 2016. Dans leur résumé, ces organisations déclarent que « La PAC ( Politique Agricole Commune) a conduit à une intensification des pratiques agricoles, une homogénéisation des paysages, une augmentation des pesticides et des fréquences de fauche, l’expansion de l’irrigation et la destruction des pâturages ».

Crédit photo JPJ Février 2019

Verdissement, ou « green washing » ?

« Des aides financières spécifiques pour la biodiversité dans les exploitations peuvent faire du pâturage extensif une option viable et compétitive pour les agriculteurs  »

Ils rappellent dans leur lettre ouverte adressée ce 5 novembre aux eurodéputés que le pseudo-verdissement engagé depuis 2014 n’a pas eu d’effets notables pour enrayer ce déclin, en particulier parce que les représentants du secteur de l’agro-business ont monopolisé les négociations. Au final, les mesures agro-environnementales du ‘’premier pilier’’ ont eu peu de résultats en matière de conservation de la biodiversité.

La cour des comptes européenne a déjà relevé en 2018 dans son analyse des perspectives de la PAC post-2020 que le texte proposé actuellement « n’envisage pas une véritable réforme de la PAC et risque même de réduire ses ambitions ».  Les associations proposent des « mesures ciblées au profit des petites exploitations pratiquant une agriculture responsable pour maintenir des terres à haute valeur écologique ». « Des aides financières spécifiques pour la biodiversité dans les exploitations peuvent faire du pâturage extensif une option viable et compétitive pour les agriculteurs ». voir le communiqué de presse de la confédération Paysanne

Selon Harriet Bradley, de BirdLife Europe, « Les preuves scientifiques parlent d’elles-mêmes. L’agriculture intensive tue la nature. Si la PAC n’est pas fondamentalement réformée en faveur de la nature, les promesses d’une Green Deal européen pour la biodiversité et le climat resteront lettre morte ».

 De son côté France-stratégie demande que soient revues les aides directes en les attribuant selon le nombre d’emplois des exploitations et non selon le nombre d’hectares.

Ecrevisse et interdiction

ANPER sur la même longueur d’onde que le préfet de la Manche

En décembre dernier, notre délégation régionale parcourait le projet d’arrêté préfectoral relatif à l’exercice de la pêche  en eau douce sur le département de la Manche. Inquiète de la possibilité donnée aux pêcheurs d’écrevisses, nous avons alerté le préfet des risques inhérents à cette pêche.
Cette ouverture généralisée incite certaines personnes à transporter et introduire ces écrevisses exogènes ailleurs pour pouvoir les pêcher au plus près de chez elles, comme l’atteste, par exemple, la dissémination de l’espèce en amont et en aval des barrages de la Sélune et à partir du foyer originel d’introduction qui est la rivière la Gance.
Or, le règlement UE n°1143/2014 (…) impose que les états membres prennent toutes les mesures nécessaires pour prévenir l’introduction ou la propagation d’espèces exotiques envahissantes et parmi les 49 espèces sur la liste de la commission européenne on retrouve justement l’écrevisse américaine, l’écrevisse de Californie et l’écrevisse de Louisiane.

Les différentes espèces d’écrevisses

Une interdiction de pêche permanente

Nous rappelions le potentiel reproducteur bien supérieur et la grande agressivité de ces écrevisses exotiques et le fait qu’elles peuvent être porteuses d’un champignon responsable de la peste des écrevisses.

Nous demandions, comme cela se fait déjà dans le Calvados, l’interdiction permanente de pêcher toutes les espèces d’écrevisses dans les eaux de 1ère catégorie et certaines de 2ième catégorie.

Le préfet a rendu public fin janvier son arrêté et il est allé dans le sens de nos demandes en interdisant en permanence toute pêche à l’écrevisse et dans tout le département quel que soit la catégorie des rivières.

Espérons que cela suffira protéger notre écrevisse à pieds blancs en état de disparition dans notre beau département de la Manche.