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Catégorie : Groupes locaux

Anper,

Association Nationale pour la Protection des Eaux et Rivières est une association Nationale.

A ce titre des groupes locaux veillent, agissent au niveau régional.

Retrouvez les dossiers en cours classés par régions.

ANPER recycle les plastiques de nos rivières

Une bénévole à coté d’un bac à rives

Depuis trois ans, en Normandie et maintenant dans 8 départements, ANPER est à l’origine de la mise en place de bacs à rives. Comme les bacs à marées sur les plages, ces bacs à rives sont là pour récolter les déchets que les promeneurs, les pêcheurs, les kayakistes,… trouvent sur les berges des cours d’eau, dans la végétation, voire dans l’eau. Ces bacs permettent de lutter contre la pollution des eaux puisque chaque année 15 millions de tonnes de déchets arrivent dans les océans sur Terre et 80% proviennent des cours d’eau. C’est donc au niveau des cours d’eau qu’il faut agir d’où la mise en place des bacs.

Chaque mois, nos bénévoles et salariés vident les bacs, trient et pèsent les déchets (programme de recherche international) et recyclent ces déchets qui ont encore une certaine valeur. Les canettes en métal sont revendues aux ferrailleurs, les gourdes de compotes aux recycleurs,… Seuls les plastiques n’étaient pas encore recyclés car souillés de terre ils n’intéressent pas les filières de recyclage. Dans la Manche, cela représente 25 kg de plastique par an.

Plastiques dans les cours d'eau
Plastiques dans les cours d’eau

Fin mars, ANPER se dote de deux machines qui vont permettre de transformer ces plastiques en objets de la vie de tous les jours : support de téléphone, enrouleur de câble audio, toupie, porte manteaux,…

L’une des machines est un vélo broyeur qui va transformer les plastiques des rivières en paillettes de plastiques. Ces dernières sont alors déposées dans la seconde machine : une presse hydraulique qui va mouler les pièces en plastique.

Ces machines fabriquées par un ingénieur français (AUTORCYCLAB) d’Ille-et-Vilaine, seront déployées dans tous les établissements scolaires qui en font la demande pour sensibiliser les jeunes à la pollution plastique.

Elles viendront compléter notre programme d’animations scolaires. Elles sont également attendues dans les centres de loisirs, médiathèques, festivals, salles de sport,…

Le but est également de faire connaître ANPER au plus grand nombre afin d’augmenter le nombre de membres, les parrains, les mécènes,…

Mélanie PLASGER

Bénévole

ÉTAT D’URGENCE des rivières Franc-Comtoises

Association Nationale pour la Protection des Eaux et des Rivières

                       face au Plan rivières karstiques 2027

Les vagues successives de mortalités de poissons, comme la dernière en décembre 2022 sur le Doubs franco-suisse, et celle sur la Loue amont ce mois de février 2023,  ont sensibilisé de nouveau nos associations sur la dégradation globale de la qualité des rivières qui se poursuit depuis plusieurs décennies.

 Déjà le rapport de l’expertise mandatée par Mr le Préfet du Doubs à la suite des mortalités exceptionnelles observées fin 2009-début 2010 indiquait :

  « Trois communautés biologiques majeures (algues, macro-invertébrés benthiques et poissons) présentent un état dégradé qui se caractérise par une faible diversité et/ou par des abondances limitées en regard de ce que ce milieu devrait accueillir ».

Cette évolution inquiétante est dénoncée par l’Association Nationale de Protection des Eaux et des Rivières qui confirme l’effondrement des populations d’invertébrés aquatiques, et dénonce également la colonisation progressive des fonds par des algues filamenteuses issues de l’eutrophisation. Ce processus provoque une modification du milieu et des biocénoses, et donc altère gravement la qualité des rivières et leurs peuplements.

Le rapport des experts préconise bien sûr des études en vue de mieux maîtriser les flux de différents intrants afin de bien comprendre le phénomène. Ces études d’investigation et de suivi sont naturellement indispensables, mais elles ne doivent en aucun cas permettre des atermoiements qui retardent les mesures indispensables.

L’accélération récente de la dégradation des rivières, les mortalités de poissons plus fréquentes et la disparition progressive de nombreuses espèces comme les éphémères montrent l’urgence à agir.

Les pistes sont données par les experts :

« Globalement, il s’agit de diminuer le risque environnemental lié à toutes les activités humaines polluantes, qu’elles soient d’ordre agricole, sylvicole, urbaine ou industrielle ».

Un plan rivières karstiques 2027 est lancé :

ANPER  demande  que les pouvoirs publics, Préfectures, Régions et Départements, en liaison avec tous les partenaires de la société civile mettent en œuvre les moyens réglementaires, financiers, humains et techniques proposés ci-dessous, afin de rétablir  une situation satisfaisante de ses cours d’eau et aussi des annexes et nappes phréatiques.

Attendre 2027 pour prendre des mesures fortes est une erreur, car une démarche rapide permettra aussi la sécurisation des ressources en eau pour les populations : les difficultés de l’été 2022 sont encore dans toutes les mémoires.

 Les années qui viennent sont décisives, elles sont contraintes par la dérive climatique en cours. Il faut prendre conscience de l’urgence !

Saumon de l’Allier

Quand les intérêts personnels et l’ignorance délibérément entretenue, préemptent la sauvegarde de l’espèce…

Le 13 janvier dernier avait lieu à la DREAL Centre Val de Loire à Orléans la réunion du Groupe d’appui du PLAGEPOMI (Plan de gestion des poissons migrateurs) Loire-Allier. ANPER-TOS y était représentée. On notait un nombre inhabituellement élevé de participants, la plupart en vidéo ou en liaison téléphonique.

Le sujet était uniquement consacré au repeuplement – baptisé ‘’soutien d’effectifs’’. On savait que la réunion allait être houleuse et elle l’a été. Il s’agissait de décider des modalités de déversement des alevins issus de la pisciculture de Chanteuges, qui ne devraient pas dépasser le nombre de 200.000 malgré le recours à une deuxième ponte forcée des géniteurs. Comme on pouvait s’y attendre Chanteuges a demandé à pouvoir utiliser, pour produire plus d’alevins, les petits géniteurs domestiqués dits ‘’enfermés’’ qui n’ont jamais vu la mer puisqu’ils ont grandi en bassin et mesurent autour de 40-45 centimètres à l’état adulte.
Leur utilisation est proscrite dans le Plagepomi, en raison de la moindre adaptation à la vie en rivière et donc une survie (« fitness ») réduite de leur problématique descendance.

La séance a commencé par une intervention du député Jean-Pierre Vigier (LR, Haute-Loire) déclarant qu’il était « temps de passer à une politique digne de ce nom » sans préciser ce que cela peut bien signifier faute sans doute de le savoir lui-même, et qu’il allait rencontrer la secrétaire d’État en charge de la biodiversité et le Ministre de la transition écologique pour le leur expliquer.
Mais que peut vouloir dire « politique digne de ce nom » ?
Car qu’on en juge : en vingt années environ 15 millions d’euros – non actualisés – de subventionnement, près de 900 saumons adultes soustraits au milieu et donc à une reproduction naturelle, des millions d’alevins déversés, et cela pour quel résultat « digne de ce nom » ?
On rappelle ici que si ce procédé avait connu un quelconque succès, on n’en serait pas là.

Ce genre d’intervention montre à quel point, quelle que soit par ailleurs leur réalité ou légitimité, les enjeux de politique locale ont pris le pas sur les intérêts du saumon de Loire. M. Vigier serait bien avisé de nous expliquer quelle est sa position sur les multiples projets de microcentrales en cours ou hélas déjà aboutis sur l’ensemble du bassin, ou d’appuyer les associations dont ANPER-TOS qui se battent pour faire ouvrir le barrage de Vichy en période de migration. Apparemment les données techniques et scientifiques n’ont pas de valeur pour ce conglomérat d’intérêts autres que ceux du saumon, comme on a pu le voir avec des attaques indignes contre LOGRAMI.

Il y a eu aussi un incident Martin Arnould (‘’Le Chant des Rivières’’ – oui, une telle association existe) mettant en cause la légitimité de Bernard Rousseau membre du groupe d’appui du PLAGEPOMI depuis l’origine et Président d’honneur de FNE qui a  répondu sur le fond sans relever plus avant cette tentative de coup tordu. Évidemment, quand on n’a rien à apporter au débat, et ici qu’on ne maîtrise pas l’évidence scientifique, l’attaque ad–hominem reste la seule ressource disponible… Le saumon mérite mieux…

Une petite histoire d’Anguille..

C’était l’occasion d’une matelote, ou mieux d’une pôchouse : récompense gastronomique d’un plat emblématique de Verdun sur le Doubs.
Ce plat réunit l’anguille et la tanche deux poissons gras avec le  brochet et la perche deux poissons à chair maigre.  On peut y ajouter de la carpe, mais tous présentés en morceaux charnus découpés et cuits dans une sauce au vin du Jura. Il y a fort longtemps, c’était le menu des pêcheurs (les pôcheurs ) et des radeliers qui  descendaient les radeaux de bois des forêts jurassiennes vers Lyon pour la charpente et la menuiserie.

En Franche Comté, jusque dans les années 1950, les pêcheurs amateurs qui pratiquaient dans le Doubs et la Saône capturaient des anguilles de façon régulière.

Photo provenant du site de DORIS
réf. Biblio. N°2
JP Hérold, co-auteur des fiches spécifiques.

Une méthode de pêche consistait à poser au fond de la rivière un appât, gros ver ou petit poisson mort, au crépuscule, sachant que l’anguille est lucifuge et active la nuit.

Il fallait patience,  persévérance  et connaissance des sites fréquentés par cette espèce pour capturer quelques beaux spécimens pouvant dépasser un mètre de long.

Cinquante ans plus tard : plus d’anguilles dans nos rivières !

L’espèce est même inscrite sur la liste rouge de l’UICN, Union internationale pour la conservation de la nature, dans la catégorie  «  en danger critique d’extinction « 

Alors, pourquoi ?  Que s’est-il passé ?

Une des raisons de ce déclin réside dans la fermeture des voies de migrations.

En effet l’anguille est un migrateur amphihalin thalassotoque ! en clair : la reproduction se déroule en mer et sa croissance en eau douce, donc d’un milieu à l’autre elle se déplace de la mer des Sargasses, site probable de ponte, vers les côtes de l’Europe soit atlantique , soit méditerranéenne .

Pour arriver en Franche Comté elle remontait le Rhône ; mais à présent la route est coupée par des barrages gigantesques comme celui de Donzère-Mondragon : construit en 1952, il est infranchissable !

Sur les sites de la façade atlantique les barrages de filets aux embouchures des fleuves et les pêches des alevins en migration, les civelles, sont pour des pêcheurs plus ou moins professionnels de revenus notables. Le kilogramme de civelle est vendu une petite fortune, près de 1000 euros à des restaurateurs du sud-ouest et aussi de l’Espagne.

Un plat traditionnel, nous dit-on, mais qui provoque la chute des populations : autant de juvéniles qui ne se déplaceront plus vers les rivières, les étangs et les marais de l’Hexagone pour y prospérer pendant dix à quinze ans.

Donc dans les zones humides et les rivières de l’est de la France : plus d’anguilles !

Reste le marais poitevin ou l’étang de Thau où la pêche est encore pratiquée  ….

Or le sujet principal de la récente réunion des ministres européens de la pêche à Bruxelles portait sur le devenir de l’anguille européenne (Anguilla anguilla, Linnaeus, 1758).

Et malgré la proposition des ONG qui demandaient de cesser complètement la pêche, demande relayée par la Commission européenne, la décision est tombée le 13 décembre 2022 au petit matin, après deux jours et une nuit de négociation : le communiqué de presse ministériel précise :

«  Le secrétariat d’Etat à la mer s’est opposé aux solutions proposées par la Commission européenne, même s’il partage le constat des scientifiques sur l’état très dégradé des populations d’anguilles »  

Il accepte donc de maintenir une activité de pêche adaptée à chaque bassin.

Pour les ONG et les scientifiques les dérogations obtenues viennent annihiler toute protection. Or en 50 ans l’espèce a connu un véritable effondrement avec une baisse de 95% de ses populations. Sans mesures plus strictes leur sort pourrait être scellé.

Fini la pôchouse, adieu l’anguille, foin de la biodiversité !

Qu’en dit la COP 15 réunie à Montréal (Canada)  en ce mois de décembre 2022, d’autres sujets encore plus urgents sont à l’ordre du jour, les discussions s’éternisent sur la protection des milieux, et donc la biodiversité attendra ! Même si tout est lié !

JP Hérold, biologiste.

Des références : 

  •  Les Poissons d’eau douce de France. 2011, P. Keith, H. Persat, E.Feunteun, J. Allardi. Publication du Museum d’Histoire Naturelle de Paris, Biotope Edition. 552p.
  • La vie en eau douce 2012. JP. Corolla, M. Kupfer, G. Rochefort, S. Sohier,  DORIS, Edition Neptune Plongée, 415p.